L’ancienne sprinteuse internationale Céline Bonnet-Distel, diététicienne à Strasbourg, a sa petite idée sur la manière dont on peut éliminer les kilos accumulés pendant la période de confinement. Et il n’est pas spécialement question de privations, qu’on soit sportif ou pas.
Céline Bonnet-Distel est diététicienne à Strasbourg, dans une structure du Centre européen d’étude du diabète (CEED). Archive L’Alsace /Vanessa Meyer
C'est tout sauf une surprise : sportif ou pas, la période de confinement a laissé des traces dans les têtes et les organismes, jusqu’à faire dangereusement pencher la balance du mauvais côté. Selon une récente étude, plus d’un Français sur deux a pris du poids ces deux derniers mois (2,5 kg en moyenne).
L’Alsace ne déroge évidemment pas à la règle, mais ce n’est pas une excuse pour faire n’importe quoi au moment de renouer avec une activité à peu près normale. Raison pour laquelle la Strasbourgeoise Céline Bonnet-Distel , ancienne sprinteuse aujourd’hui diététicienne à temps plein, appelle à un peu de mesure et de bon sens avant de se lancer à corps perdu dans le sport et les régimes miracles.
« Aucun régime ne marche »
« La priorité, c’est de restructurer son alimentation », explique la salariée du REDOM , réseau d’éducation thérapeutique pour les maladies telles que le diabète, l’obésité et les maladies cardio-vasculaires, basé à Strasbourg. « Pendant le confinement, la manière de manger était plus anarchique, tant au niveau du contenu que des horaires. L’idéal, c’est de garder toujours trois repas par jour, plus une collation pour ceux qui font régulièrement du sport. Et pour les non-sportifs, on a aussi le droit d’avoir des envies ou un petit creux. Dans ce cas-là, il faut simplement garder à l’esprit que la collation n’est pas un repas supplémentaire. On peut par exemple privilégier une dizaine d’amandes et de noix et deux carrés de chocolat noir à 17 h. Non seulement ça favorise le sommeil, mais en plus ça évite la fameuse fringale du soir devant la télévision. »
À l’été 2014, Céline Distel (à dr.) est devenue vice-championne d’Europe du relais 4x100 m à Zurich, quelques jours après avoir fini 6e de la finale du 100 m. Photo AFP /Olivier MORIN
L’ex-internationale tricolore (14 sélections en équipe de France A), 6e du 100 m et en argent avec le relais 4x100 m lors de l’Euro 2014 à Zurich, avoue elle-même grignoter de temps en temps. Mais pour l’Alsacienne de 32 ans, qui n’a pas pris un gramme depuis l’arrêt de sa carrière après les Jeux Olympiques 2016 - elle en a même perdu ! -, c’est d’abord en combattant les idées reçues que la lumière (re)viendra.
Le titre de championne de France 2015 du 60 m en salle de Céline Distel
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« Il est important de garder une source de protéines, de légumes et de féculents à chaque repas », assure-t-elle. « Or, on a tendance à penser que les féculents font grossir. C’est faux. C’est ce qui accompagne, la sauce avec les pâtes par exemple, et surtout la quantité qui amènent à prendre du poids. Raison pour laquelle la plupart des régimes sont dangereux : ils appellent à supprimer les féculents, alors que c’est la première source d’énergie et précisément ce qui apporte la sensation de satiété. Du coup, on a faim, on abandonne et on reprend du poids derrière, parfois même le double. Aucun régime ne marche. »
« C’est la privation qui provoque la surconsommation »
Céline Bonnet-Distel va plus loin : selon elle, il faut « des féculents à chaque repas. Tartines le matin - mais plutôt du pain complet qu’une baguette entière bien sûr ! -, riz, pâtes, quinoa ou patates à midi et idem le soir. Ce qu’il faut surveiller avant tout, c’est la quantité et la qualité de ce qu’on met dans l’assiette. Bref, équilibrer ! On n’est malheureusement plus du tout à l’écoute de son corps, on ne se rend même plus compte qu’on a faim ou pas. On mange parce que c’est l’heure, on grignote parce qu’on s’ennuie. La période de confinement n’a évidemment pas aidé… Il faut manger selon son ressenti et ne surtout pas sauter de repas. C’est la privation qui provoque la surconsommation. »
Céline Bonnet-Distel a mis un terme à sa carrière d’athlète fin 2016, quelques mois après les Jeux Olympiques de Rio. Elle est ensuite devenue maman de deux petites filles. Archive L’Alsace /Jean-Marc LOOS
Cette dernière phrase vaut aussi pour le sport : ce n’est pas parce qu’il y a eu une coupure de deux mois qu’il faut mettre les bouchées doubles au moment de reprendre une activité physique régulière, quelle qu’elle soit. Maman de deux petites filles (Anna-Lynn, 3 ans, et Éléonore, 1 an), Céline Bonnet-Distel n’a d’ailleurs rechaussé les baskets qu’en début d’année, quand « l’envie » de faire un peu de sport est revenue après plus de trois années de pause.
« C’est ma voisine qui m’a proposé de courir avec elle une fois par semaine », sourit-elle. « Au boulot aussi, on se fait une séance de renforcement musculaire avec des collègues de temps en temps. Mais l’envie de ressortir les pointes et de retourner au stade ? Non. La compétition me manque, ça oui. Mais pour le reste, c’est incompatible avec ma vie familiale et professionnelle. Je pense que je n’y arriverais plus de toute façon... »
La sprinteuse originaire de Thal-Marmoutier a malgré tout regardé les Mondiaux d’athlétisme de l’an passé, à Doha. Mais sans excès, ça va de soi.
L’hydratation, « la clé de la reprise »
Intervenante à l’ UFR STAPS (*) à Strasbourg sur la thématique de la nutrition du sportif, Céline Bonnet-Distel est catégorique au sujet de l’entraînement post-confinement : « La clé de la reprise, c’est l’hydratation, parce que l’hydratation, c’est la clé de la performance ». Pour la championne de France 2015 du 60 m en salle (7’’27), on a peut-être eu tendance à l’oublier pendant la coupure due au coronavirus. « Le fait d’avoir soif veut déjà dire qu’on est déshydraté à 2 %, rappelle-t-elle. Ça équivaut à 20 % en moins de ses capacités, comme la force, la vitesse, la lucidité, l’adresse en basket, la compréhension des consignes… » La diététicienne strasbourgeoise pose donc une règle d’or, à prendre ou à laisser : « Une heure d’entraînement égale un litre d’eau ! En plus du litre et demi qu’il faut boire quotidiennement bien sûr ».
(*) Sciences et techniques des activités physiques et sportives
F.R.
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